"It is a story that began 55 years ago. It's the story of Robbi Curtice, a teenager in the 1960s who dreamed of becoming a songwriter and who, after a brief attempt at a recording career, went to Cyprus to concentrate on becoming a teacher. But rock, by chance, catches up with him in the early 2000s, in what looks like a Sixto Rodriguez remake, when French director Serge Bozon stumbles upon Robbi's 1970s track Gospel Lane and uses it as the end credit of his feature film La France. This is how Benjamin Esdraffo, one of the composers of the original songs of this movie, but also a fan of American garage, UK pop and Northen Soul, got in touch with Robbi for the first time. A few years - and many mails later, a friendship had grown up, and Robbi proposed that he and Benjamin should make songs together. The result is this astonishing first album, halfway between Foxygen, the Lemon Twigs and the great Paul Williams of Phantom of the Paradise. And so, at an age when his compatriots are releasing best-of albums, Robbi Curtice releases this very fresh Nothing To Write Home About, a first album that sounds like a revenge, 55 years after the false start of this Englishman whose "career looks like a marathon."
FR
C’est l’histoire d’une histoire qui a débuté voilà 55 ans, et elle n’est même pas belge. Et pour mieux comprendre toute la subtilité du nom de l’album dont il est ici question, il faut remonter au Londres de 1968 pour retrouver la trace du dénommé Robbi Curtice. C’est que, British humour oblige, il y a beaucoup à écrire sur la vie de ce jeune garçon des années 1960 qui rêvait de devenir une popstar de Denmark Street [la célèbre artère londonienne où se presse tout le monde de l’édition musicale depuis un siècle] et qui pourtant devra attendre un demi-siècle pour publier son premier album Nothing To Write Home About chez Freaksville.
Rembobinons la bande Super-8. En 1968, Robbi Curtice, sous influence Mod, se fend d’un titre (When Diana Paints The Picture) censé le propulser en haut des charts. Ratage à l’allumage : l’Anglais, en dépit des faibles efforts du label américain Sidewalk Records, ne décolle pas. Et c’est ainsi que Curtice à la scène redevient discrètement Rob Ashmore au civil. Exit les rêves, bonjour les seventies : lui et sa femme déménagent à Chypre et Curtice devient professeur, oubliant peu à peu ses fantasmes de vestes à franges et autres mélodies à la Ray Davies. Aurait-on imaginé Roger Hodgson plaquer Supertramp pour devenir prof d’histoire-géographie ? Évidemment pas. Mais c’est la première comparaison qui vienne quand on entend Nothing To Write Home About, ce disque qui n’aurait jamais dû sortir. Même voix, mêmes envolées faciles, même sens de la pop anglo-saxonne. Sauf que pour le Curtice de la fin des années 1990, c’est goodbye stranger. « Pendant 30 ans, j'ai complètement oublié les disques et la composition, confie-t-il, à part pour écrire des chansons destinées à l'école.»
C’est là qu’une légende à la Sixto Rodriguez entre en action. Début des années 2000, le réalisateur français Serge Bozon recherche une musique pour clôturer La France, son épopée filmique et sentimentale sur la Première guerre mondiale. Il découvre un bijou perdu par un chanteur anglais que personne ne connaît alors. Le titre du morceau ? Gospel Lane. Le nom du chanteur ? Vous le connaissez déjà. La suite, c’est Benjamin Esdraffo, compositeur (avec Mehdi Zannad) des chansons de La France, qui la raconte : « Je faisais partie d'une petite scène Mod ici à Paris, alors j'ai commencé à collectionner du pop-art britannique, du garage américain et plus tard de la Northern Soul. Ce goût pour la musique des années soixante était quelque chose que Serge Bozon et moi avions en commun. C’est lui qui a découvert Gospel Lane : le titre était planqué sur une compilation suédoise de pop-sike anglaise, Fading Yellow (Volume Four) ».
Les retrouvailles auraient pu s’arrêter là, avec d’un côté deux nouveaux fans et de l’autre un vieil artiste devenu directeur d’école. Sauf que Benjamin Esdraffo se met en tête de retrouver Robbi Curtice pour lui faire chanter sur scène Gospel Lane lors d’une présentation de La France à l’Institut Français de Londres. Les deux sympathisent, et au bout de quelque temps Curtice propose à Esdraffo qu’ils écrivent ensemble des chansons. Et devinez quoi ? Ce sont celles que vous êtes en train d’écouter aujourd’hui, comme si le temps n’avait eu aucune prise sur l’histoire de cet inconnu-connu dont la voix si pure et les 7 chansons si belles font beaucoup penser à Foxygen, aux Lemon Twigs, mais aussi au grand Paul Williams de Phantom of the Paradise. Mais contrairement au film de Brian De Palma, ici l’histoire se finit bien. A un âge où ses compères sortent des best-of, Robbi Curtice publie cet inespéré premier album chez Freaksville, après que Benjamin Schoos, grand amateur de costumes anglais à la Sgt Pepper, ait craqué pour ces bijoux à la fois pop et électronique qui permettent à l’artiste de respirer dans cet étonnant volte-face de l’histoire.
Faut-il parler d’un come-back, ou d’un véritable premier album ? Surement un peu de deux pour ce petit frère légitime des Kinks. Comme quoi le chemin entre Dead End Street et Denmark Street n’était pas si long. Seulement 55 ans.
credits
released May 12, 2023
All songs written by Benjamin Esdraffo (music) and Robbi Curtice (Rob Ashmore) (Lyrics).
All songs performed and recorded by Benjamin Esdraffo (music) and Robbi Curtice (vocals), with the addition of : 1 (Jean-Pierre Petit: guitar, Laurent Saligault: bass, Raphaël Léger: drums), 3 and 4 (Jérémie Regnier: backing vocals).
Mixed and mastered by Benoît de Villeneuve (except 1: mixed by Mathieu Devos)/ 2022
Pictures by Chris Ward, Design by Anaïs Denis.
Special Thanks to Julie Gouet, Great Esdraffo, Jimi Ashmore, Benjamin Schoos.
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